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vrance était venu, et que ce serait une chose très-facile que d’amener ces gens à s’employer de tout cœur à recouvrer le vaisseau. Je m’éloignai donc dans l’ombre pour qu’ils ne pussent voir quelle sorte de gouverneur ils avaient, et j’appelai à moi le capitaine. Quand j’appelai, comme si j’étais à une bonne distance, un de mes hommes reçut l’ordre de parler à son tour, et il dit au capitaine : — « Capitaine, le commandant vous appelle. » — Le capitaine répondit aussitôt : — « Dites à son Excellence que je viens à l’instant. » — Ceci les trompa encore parfaitement, et ils crurent touts que le gouverneur était près de là avec ses cinquante hommes.

Quand le capitaine vint à moi, je lui communiquai mon projet pour la prise du vaisseau. Il le trouva parfait, et résolut de le mettre à exécution le lendemain.

Mais, pour l’exécuter avec plus d’artifice et en assurer le succès, je lui dis qu’il fallait que nous séparassions les prisonniers, et qu’il prît Atkins et deux autres d’entre les plus mauvais, pour les envoyer, bras liés, à la caverne où étaient déjà les autres. Ce soin fut remis à Vendredi et aux deux hommes qui avaient été débarqués avec le capitaine.

Ils les emmenèrent à la caverne comme à une prison ; et c’était au fait un horrible lieu, surtout pour des hommes dans leur position.

Je fis conduire les autres à ma tonnelle, comme je l’appelais, et dont j’ai donné une description complète. Comme elle était enclose, et qu’ils avaient les bras liés, la place était assez sûre, attendu que de leur conduite dépendait leur sort.

À ceux-ci dans la matinée j’envoyai le capitaine pour entrer en pourparler avec eux ; en un mot, les éprouver et me dire s’il pensait qu’on pût ou non se fier à eux pour al-