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enjoué, lui redonnèrent du courage, et nous nous mîmes vigoureusement à notre besogne. Dès la première apparence d’une embarcation venant du navire, nous avions songé à écarter nos prisonniers, et, au fait, nous nous en étions parfaitement assurés.

Il y en avait deux dont le capitaine était moins sûr que des autres : je les fis conduire par Vendredi et un des trois hommes délivrés à ma caverne, où ils étaient assez éloignés et hors de toute possibilité d’être entendus ou découverts, ou de trouver leur chemin pour sortir des bois s’ils parvenaient à se débarrasser eux-mêmes. Là ils les laissèrent garrottés, mais ils leur donnèrent quelques provisions, et leur promirent que, s’ils y demeuraient tranquillement, on leur rendrait leur liberté dans un jour ou deux ; mais que, s’ils tentaient de s’échapper, ils seraient mis à mort sans miséricorde. Ils protestèrent sincèrement qu’ils supporteraient leur emprisonnement avec patience, et parurent très-reconnaissants de ce qu’on les traitait si bien, qu’ils avaient des provisions et de la lumière ; car Vendredi leur avait donné pour leur bien-être quelques-unes de ces chandelles que nous faisions nous-mêmes. — Ils avaient la persuasion qu’il se tiendrait en sentinelle à l’entrée de la caverne.

Les autres prisonniers étaient mieux traités : deux d’entre eux, à la vérité, avaient les bras liés, parce que le capitaine n’osait pas trop s’y fier ; mais les deux autres avaient été pris à mon service, sur la recommandation du capitaine et sur leur promesse solemnelle de vivre et de mourir avec nous. Ainsi, y compris ceux-ci et les trois braves garçons, nous étions sept hommes bien armés ; et je ne mettais pas en doute que nous ne pussions venir à bout des dix arrivants, considérant surtout ce que le capitaine avait dit, qu’il y avait trois ou quatre honnêtes hommes parmi eux.