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souvent depuis, que je ne l’éloignerais jamais tant qu’il voudrait rester avec moi.

Somme toute, de même que par touts ses discours je découvris en lui une affection si solide pour moi, que rien ne pourrait l’en séparer, de même je découvris que tout son désir de retourner dans sa patrie avait sa source dans sa vive affection pour ses compatriotes, et dans son espérance que je les rendrais bons, chose que, vu mon peu de science, je n’avais pas le moindre désir, la moindre intention ou envie d’entreprendre. Mais je me sentais toujours fortement entraîné à faire une tentative de délivrance, comme précédemment, fondée sur la supposition déduite du premier entretien, c’est-à-dire qu’il y avait là dix-sept hommes barbus ; et c’est pourquoi, sans plus de délai, je me mis en campagne avec Vendredi pour chercher un gros arbre propre à être abattu et à faire une grande pirogue ou canot pour l’exécution de mon projet. Il y avait dans l’île assez d’arbres pour construire une flottille, non-seulement de pirogues ou de canots, mais même de bons gros vaisseaux. La principale condition à laquelle je tenais, c’était qu’il fût dans le voisinage de la mer, afin que nous pussions lancer notre embarcation quand elle serait faite, et éviter la bévue que j’avais commise la première fois.