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La saison pluvieuse durait plus ou moins long-temps, selon les vents qui venaient à souffler ; mais c’était une observation générale que j’avais faite. Comme j’avais appris à mes dépens combien il était dangereux de se trouver dehors par les pluies, j’avais le soin de faire mes provisions à l’avance, pour n’être point obligé de sortir ; et je restais à la maison autant que possible durant les mois pluvieux.

Pendant ce temps je ne manquais pas de travaux, — même très convenables à cette situation, — car j’avais grand besoin de bien des choses, dont je ne pouvais me fournir que par un rude labeur et une constante application. Par exemple, j’essayai de plusieurs manières à me tresser un panier ; mais les baguettes que je me procurais pour cela étaient si cassantes, que je n’en pouvais rien faire. Ce fut alors d’un très-grand avantage pour moi que, tout enfant, je me fusse plu à m’arrêter chez un vannier de la ville où mon père résidait, et à le regarder faire ses ouvrages d’osier. Officieux, comme le sont ordinairement les petits garçons, et grand observateur de sa manière d’exécuter ses ouvrages, quelquefois je lui prêtais la main ; j’avais donc acquis par ce moyen une connaissance parfaite des procédés du métier : il ne me manquait que des matériaux. Je réfléchis enfin que les rameaux de l’arbre sur lequel j’avais coupé mes pieux, qui avaient drageonné, pourraient bien être aussi flexibles que le saule, le marsault et l’osier d’Angleterre, et je résolus de m’en assurer.

Conséquemment le lendemain j’allai à ma maison de campagne, comme je l’appelais, et, ayant coupé quelques petites branches, je les trouvai aussi convenables que je pouvais le désirer. Muni d’une hache, je revins dans les jours suivants, pour en abattre une bonne quantité que