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et là par d’éclatantes trompettes, terminent le premier acte.

Au deuxième acte, nous sommes dans le vestibule du temple de Jupiter, où tout est préparé pour le sacrifice, et c’est une pure merveille ; il faudrait tout citer… : l’air-monologue de Pollux : « Nature, amour, qui partagez mon sort », si personnel d’accent, si nouveau de construction, que l’espace et le temps sont supprimés, et Rameau semble un contemporain auquel nous pourrons dire notre admiration à la sortie.

En vérité, cela est inquiétant !… La scène qui suit, où Pollux et Télaïre sacrifient l’amour le plus grand au désir des dieux, l’entrée du grand-prêtre de Jupiter, Jupiter apparaissant lui-même, assis sur son trône de gloire, si souverainement bon, et pitoyable à la douleur humaine de Pollux, pauvre mortel que lui, le maître des dieux, pourrait écraser à son gré. Je répète, il faudrait tout citer…

Arrivons à la dernière scène de cet acte. Hébé danse à la tête des Plaisirs célestes, tenant dans leurs mains des guirlandes de fleurs dont ils veulent enchaîner Pollux. — Jupiter a voulu l’enchantement de cette scène afin d’arracher Pollux à son désir de la mort. — Jamais la sensation d’une volupté calme et tranquille n’a trouvé de si parfaite traduction ; cela joue si lumineusement dans l’air surnaturel qu’il faut toute l’énergie spartiate de Pollux