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plûtard dans douze ou quatorze. On peut ajoûter qu' il sera mieux payé, parce qu' il est notoire qu' on fraude tous les jours la dixme ecclesiastique, et il n' est pas à présumer qu' on fraude la dixme du roy, pour peu que ses officiers y veulent tenir la main.

Je suppose que cette dixme royale sera affermée comme on fait la dixme ecclesiastique, pour trois, six ou neuf ans : et cela même est necessaire, afin que les fermiers ne puissent demander aucune diminution pour tous les accidens qui pourroient arriver de gelée, de grêle, d' enmiellure, et autres semblables ; et que le revenu soit fixe et assuré, comme il l' est aux ecclesiastiques.

La dixme est le meilleur et le plus aisé de tous les revenus ; le décimateur n' est obligé à faire aucune avance que celle de la levée et cette avance est toûjours trés-mediocre par rapport au revenu ; car trois ou quatre hommes, et deux chevaux dans un païs mediocrement bon et uni, leveront deux mil gerbes de bled sans les menus grains, et il ne faut pour cela que six semaines de temps au plus. On bat les grains à sa commodité pendant l' hyver ; et ceux qui ne sont pas pressez de leurs affaires, attendent que la vente en soit bonne pour les debiter.

C' est pourquoy non seulement le roy trouvera facilement des fermiers generaux pour faire le recouvrement de ce fonds, mais il se trouvera encore un grand nombre de sous-fermiers, parce que le laboureur et le païsan