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naturelle ; il est raisonnable que tous contribuent aussi selon leurs revenus, à ses dépenses et à son entretien : c' est l' intention des maximes mises au commencement de ces memoires. Rien n' est donc si injuste, que d' exempter de cette contribution ceux qui sont le plus en état de la payer, pour en rejetter le fardeau sur les moins accommodez qui succombent sous le faix ; lequel seroit d' ailleurs trés-leger, s' il étoit porté par tous à proportion des forces d' un chacun ; d' où il suit que toute exemption à cet égard est un desordre qui doit être corrigé. Aprés beaucoup de réflexions et d' experiences, il m' a parû que le roy avoit un moyen sûr et efficace pour remedier à tous ces maux, presens et à venir.

Ce moyen consiste à faire contribuer un chacun selon son revenu au besoin de l' etat ; mais d' une maniere aisée et facile, par une proportion dont personne n' aura lieu de se plaindre, parce qu' elle sera tellement répanduë et distribuée, que quoy qu' elle soit également portée par tous les particuliers, depuis le plus grand jusqu' au plus petit, aucun n' en sera surchargé, parce que personne n' en portera qu' à proportion de son revenu.

Ce moyen aura encore cette facilité, que dans les temps fâcheux il fournira les fonds necessaires, sans avoir recours à aucune affaire extraordinaire, en augmentant seulement la quotité des levées à proportion des besoins de l' etat. Par exemple, si la quotité ordinaire est le vingtiéme du revenu,