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interest contraire ; les miseres d’autruy les touchent peu quand ils en sont à couvert, et j’ay vû souvent que beaucoup d’affaires publiques ont mal réüssi, parce que des particuliers y ayant leurs interêts mêlez, ils ont sçû trouver le moyen de faire pancher la balance de leur côté. Il est donc du service de sa majesté d’y prendre garde de prés, en ce rencontre particulierement, et de faire un bon choix de gens à qui elle donnera le soin d’examiner cet ouvrage.

Je me sens encore obligé d’honneur et de conscience, de representer à sa majesté, qu’il m’a parû que de tout temps, on n’avoit pas eu assez d’égard en France pour le menu peuple, et qu’on en avoit fait trop peu de cas ; aussi c’est la partie la plus ruinée et la plus miserable du royaume ; c’est elle cependant qui est la plus considerable par son nombre, et par les services réels et effectifs qu’elle luy rend. Car c’est elle qui porte toutes les charges, qui a toûjours le plus souffert, et qui souffre encore le plus ; et c’est sur elle aussi que tombe toute la diminution des hommes qui arrive dans le royaume. Voicy ce que l’application que je me suis donnée pour apprendre jusqu’où cela pourroit aller, m’en a découvert.

Par un mesurage fait sur les meilleures cartes de ce royaume, je trouve que la France de l’étenduë qu’elle est aujourd’huy, contient trente mil lieuës quarrées ou environ, de 25 au degré, la lieuë de 2282 toises trois pieds. Que chacune de