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proprietez que j’en ay déja fait remarquer, on y en trouvera toûjours de nouvelles. Par exemple, il en a une incomparable qui luy est singuliere, qui est celle d’être également utile au prince et à ses sujets. Mais comme ce même systême est fondé sur des maximes qui ne conviennent qu’à luy seul, quoy qu’elles soient trés-justes et trés-naturelles ; aussi est-il incompatible dans son execution avec tout autre. C’est pourquoy ce seroit tout gâter, que d’en vouloir prendre une partie pour l’inserer dans une autre, et laisser le reste : par exemple, la dixme des fruits de la terre, avec la taille ou les aydes ; parce que cette dixme étant poussée dans ces memoires aussi loin qu’elle peut aller, on ne pourroit la mêler avec d’autres impositions de la nature de celles qui se levent aujourd’huy, sans tout déranger, et la rendre absolument insupportable. Il faut donc prendre ce systême tout entier, ou le rejetter tout-à-fait.

Je voudrois bien finir, mais je me sens encore obligé de prendre la liberté de representer à sa majesté, que cet ouvrage étant uniquement fait pour elle et pour son royaume, sans aucune autre consideration ; il est necessaire qu’elle ait la bonté d’en commettre l’examen à de veritables gens de bien, et absolument desinteressez. Car le défaut le plus commun de la nation, est de se mettre peu en peine des besoins de l’état. Et rarement en verra-t-on qui soient d’un sentiment avantageux au public, quand ils auront un