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peut-être conſiderables, si on entreprenoit de le faire tout d’un coup ; parce que les Peuples étant extrêmement prévenus contre les nouveautez, qui juſques icy leur ont toûjours fait du mal & jamais du bien, ils crieroient bien haut avant qu’ils euſſent démêlé tout le bon & le mauvais de ce Syſtême. Mais il y a long-temps qu’on eſt accoûtumé aux crieries, & qu’on ne laiſſe pas de faire & de réüſſir à ce que l’on entreprend. Ce qu’il y a de certain, c’eſt que n’en entreprenant que peu à la fois, comme il eſt propoſé à la fin de ces Memoires, peu de gens crieront, & ce peu-là s’appaiſera bien-tôt, quand ils auront démêlé ce de quoy il s’agit. Ce ne ſera pas le menu Peuple qui fera le plus de bruit, ce ſeront ceux dont il eſt parlé au Chapitre des Objections & Oppositions ; mais comme pas un d’eux n’aura raiſon d’en faire, il faudra boucher les oreilles, aller ſon chemin, & s’armer de fermeté ; les ſuites feront bien-tôt voir que tout le monde s’en trouvera bien.

L’établissement de la Dixme Royale me paroît enfin le ſeul moyen capable de procurer un vray repos au Royaume, & celuy qui peut le plus ajoûter à la gloire du Roy, & augmenter avec plus de facilité ſes Revenus ; parce qu’il eſt évident qu’à meſure qu’elle s’affermira, ils s’accroîtront de jour en jour, ainſi que ceux des Peuples, car l’un ne ſçauroit faire chemin ſans l’autre.

Plus on examinera ce Syſtême, plus on le trouvera excellent ; outre toutes les belles proprietez