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Centiémes, elle ſeroit encore d’une diſcuſſion dont on ne verroit jamais la fin, s’il faloit l’étendre par toute la France.

Il en eſt de même des Répartitions qui ſe font par feux ou foüages, comme en Bretagne, Provence & Dauphiné, où quelque ſoin qu’on ait pris de les bien égaler, la ſuite des temps les a dérangez & diſproportionnez comme les autres.

Il y a des Païs où l’on met toutes les Impoſitions ſur les Denrées qui s’y conſomment, même ſur le Pain, le Vin, & les Viandes ; mais cela en rend les conſommations plus cheres, & par conſequent plus rares. En un mot, cette methode nuit à la ſubſiſtance & nourriture des hommes, & au commerce, & ne peut ſatiſfaire aux beſoins extraordinaires d’un Etat, parce qu’on ne peut pas la pouſſer aſſez loin. D’autres ont penſé à tout mettre ſur le Sel ; mais cela le rendroit ſi cher, qu’il faudroit tout forcer pour obliger le menu Peuple à s’en ſervir. Outre que ce qu’on en tireroit ne pourroit jamais ſatisfaire aux deux tiers des beſoins communs de l’Etat, loin de pouvoir ſuffire aux extraordinaires. Sur quoy il eſt à remarquer, que les gens qui ont fait de telles propoſitions, ſe ſont lourdement trompez ſur le nombre des Peuples, qu’ils ont eſtimé de moitié plus grand qu’il n’est en effet.

Tous ces moyens étant défectueux, il en faut chercher d’autres qui ſoient exempts de tous les défauts qui leur ſont imputez, & qui puiſſent en avoir