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ou neuf années du premier bail, ce qui iroit à trés-peu de chose. Que comme les gros décimateurs ecclesiastiques ne manquent point des fermiers avec de bonnes cautions, pour prendre leurs dixmes à ferme, dont ils payent même le prix de mois en mois par avance, le roy n' en manqueroit pas non plus. Et quant à la derniere objection qui paroît la plus plausible ; on a dit, que la taille ne se paye ordinairement qu' en seize mois, et qu' il y a toûjours beaucoup de non-valeurs. Que l' experience de ce qui se passe entre les décimateurs ecclesiastiques et leurs fermiers, étoit une conviction manifeste que le roy sans se faire faire aucune avance, pourroit faire remettre le produit des dixmes dans ses coffres en douze ou quatorze mois au plus sans aucune non-valeur. Il est vray qu' il y a de certains païs dans le royaume où l' argent étant rare, la vente des fruits n' est pas toûjours presente ; mais cette objection se resout par le payement de la taille même, qui ne peut être faite que de la vente des fruits de la terre. C' est pourquoy si toutes sortes de gens solvables sont reçûs aux encheres, comme les curez, les gros bourgeois, les gentilshommes mêmes, que cela ne fasse point de tort à la qualité de ceux-cy, et que tous y puissent faire un gain honnête, la dixme royale ne demeurera pas ; et dés qu' un fermier sera en état de payer une année ou deux d' avance, il ne sçauroit manquer d' y bien faire ses affaires. Ainsi cette difficulté se réduit