Page:De Vauban - Projet de dixme royale, 1707.djvu/172

Cette page n’a pas encore été corrigée

Au surplus, quoy que la France parroisse peuplée de dix-neuf millions quatre-vingt-quatorze mil tant de personnes ; il est pourtant vray de dire que de l' étenduë et fertilité qu' elle est naturellement, elle en pourroit aisément nourrir de son crû jusqu' à vingt-trois, et même jusqu' à vingt-cinq millions, et davantage. Le détail de la lieuë quarrée que nous mettrons à la suite de ce paragraphe, contient la preuve de cette verité. Il est encore vray que dans tout le nombre qui s' en est trouvé, il y a prés d' un dixiéme de femmes et de filles plus que d' hommes et de garçons ; presque autant de vieillards et d' enfans, d' invalides, de mendians, que de gens ruinez, qui sont sur le pavé, que de gens d' un âge propre à bien travailler et aller à la guerre ; la famine et la desertion en ayant consommé beaucoup. à joindre que depuis les premiers dénombremens, dont on a tiré ces abregez, les peuples ne se sont pas augmentez ; au contraire ils ont diminué, en étant sorti grande quantité du royaume, à l' occasion de la presente guerre, qui est celle où nous a engagé la succession d' Espagne, par l' évasion secrette et presque continuelle qui se fait peu à peu des nouveaux convertis ; ce qui joint au mécompte qui peut s' être glissé dans ces premiers dénombremens, pourroit bien avoir causé une diminution de quatre à cinq cens mil ames. C' est de quoy nous ne tiendrons cependant aucun compte, n' ayant rien qui nous prouve le plus ou le moins ; et c' est la raison pour laquelle nous nous sommes réduits à cinq cens cinquante personnes par lieuë quarrée.

PARTIE 2 CHAPITRE 7 PARAGRAPHE 3