Page:De Vauban - Projet de dixme royale, 1707.djvu/17

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
neuf autres parties, il y en a cinq qui ne ſont pas en état de faire l'aumône à celle-là, parce qu’eux-mêmes sont réduits, à trés-peu de choſe prés, à cette malheureuse condition ; que des quatre autres parties qui reſtent, les trois ſont fort mal-aiſées, et embaraſſées de dettes et de procés ; et que dans la dixiéme, où je mets tous les Gens d’Epée, de Robe, Eccleſiaſtiques & Laïques, toute la Nobleſſe haute, la Nobleſſe diſtinguée, & les Gens en Charge militaire et civile, les bons Marchands, les Bourgeois rentez & les plus accommodez, on ne peut pas compter ſur cent mille Familles ; & je ne croirois pas mentir, quand je dirois qu’il n’y en a pas dix mille petites ou grandes, qu’on puiſſe dire être fort à leur aiſe ; & qui en ôteroit les Gens d’affaires, leurs alliez & adherans couverts & découverts, & ceux que le Roy ſoûtient par ſes bienfaits, quelques Marchands, &c. je m’aſſure que le reſte ſeroit en petit nombre.

Les cauſes de la miſere des Peuples de cet État sont aſſez connuës, je ne laiſſe pas néanmoins d’en repreſenter en gros les principales ; mais il importe beaucoup de chercher un moyen ſolide qui arrête ce deſordre, pendant que nous jouïſſons d’une Paix,C'eſt la Paix de Riſwick, concluë en 1697. dont les apparences nous promettent une longue durée.

Bien que je n’aye aucune Miſſion pour chercher ce moyen, & que je ſois peut-être l’homme du Royaume le moins pourvû des qualitez neceſſaires à le trouver ; je n’ay pas laiſſé d’y travail-