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trente mil lieuës quarrées dans le royaume ; il y faut donc tous les ans douze cens mil minots de sel . On y peut encore ajoûter hardiment cent mil minots , tant pour les salaisons des beures et viandes, que pour les bestiaux. Ce qui fera au moins treize cens mil minots.

Je suppose que le roy tirera de chaque minot ces dix-huit livres quittes de tous frais, par les raisons cy-devant exprimées. Donc ces treize cens mil minots feront un fonds net toutes les années de vingt-trois millions quatre cens mil livres au moins.

Dans les temps de guerre, et quand on sera pressé, on pourroit augmenter le prix du minot de vingt sols, de quarante sols, ou de quatre livres à la fois, en sorte neanmoins qu' il ne passe jamais trente livres ; parce que dés qu' on le vendra plus cher, les païsans n' en donneront plus aux bestiaux, et beaucoup de gens s' en laisseront manquer. Outre qu' il faut toûjours avoir égard à la dixme royale des deux premiers fonds, lesquels chargeant de leur côté comme le sel du sien, feroient bien-tôt trop sentir leur pesanteur, si on la poussoit plus loin.

Il y a une chose de grande importance à observer sur cet article, qui est, que comme il se consomme beaucoup de sel pour les salaisons des moruës, harangs et autres poissons à Dieppe, et aux autres ports de mer ; s' il falloit que ceux qui font ces salaisons, achetassent le sel à