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favorisait le peuplement de la colonie. Il avait euvoyé comme intendant à Québec un homme qui partageait ses vues, et qu’on peut considérer comme le véritable organisateur du Canada, l’intendant Talon. C’est lui qui, sur place, fut l’agent intelligent et fidèle des grandes vues du ministre et sut s’acquitter de l’exécution du détail avec autant de talent que celui-ci mettait de génie dans la conception du plan.

Grâce à la coopération de ces deux hommes, l’un la tête, l’autre le bras, l’impulsion donnée au peuplement du Canada fut si vigoureuse que de 1665 à 1668 la colonie, en trois ans, gagna 3,500 âmes, plus qu’elle n’en avait, en soixante ans, gagné depuis sa fondation[1] !

En même temps que le pays se peuplait, le gouverneur et l’intendant étaient invités à provoquer et à encourager les grandes découvertes vers l’intérieur du continent.

Déjà Champlain avait, dès le commencement du siècle, visité et baptisé le lac auquel il a laissé son nom ; il avait reconnu les lacs Ontario et Nipissing et remonté sur une grande partie de son cours la rivière des Outaouais (Ottowa). Les missionnaires avaient continué son œuvre : sur les Grands Lacs ils avaient peu à peu avancé leurs missions et découvert, une à une, ce chapelet de mers intérieures qui s’égrène jusqu’au centre de l’Amérique du Nord. En treize ans, de 1634 à 1647, dix-huit Jésuites avaient parcouru toutes

  1. RAMEAU, loc cit., 2e part., p. 29.