Page:De Taurines - La nation canadienne, 1894.djvu/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fiançailles en longueur. Quinze jours après l’arrivée du convoi il fallait que toutes les jeunes filles fussent mariées. Pour faciliter cette rapidité et engager les soldats à se presser dans leurs choix, il avait été décidé que tous ceux qui dans ce délai de quinze jours n’auraient pas pris femme seraient privés des profits qu’il leur était permis de tirer de la traite des fourrures : tout congé pour cette traite était refusé au célibataire endurci[1].

Nous trouvons encore dans un rapport adressé à Colbert d’intéressants détails sur rétablissement de ces jeunes émigrantes. Ils nous montrent le soin qu’on prenait de leur choix et de leur conduite :

« Il est arrivé cette année, écrit en 1670 l’intendant Talon, 1635 filles. Trente seulement restent à ma- rier. Je les ai réparties dans les familles les plus recommandables, jusqu’à ce que les soldats qui les demandent en mariage soient prêts à s’établir ; on leur fait présent en les mariant de 50 livres en pro- visions de toutes natures et en effets. Il faudrait encore que Sa Majesté en envoyât 150 à 200 pour l’an prochain. Trois ou quatre jeunes filles de naissance trouveraient aussi à épouser ici des officiers qui se sont établis dans le pays.

Mme Étienne, chargée par le directeur de l’hô- pital général de la direction des jeunes filles qu’il

  1. « Vous avez fort bien fait de faire ordonner que les volontaires seraient privés de la traite et de la chasse s’ils ne se mariaient quinze jours après l’arrivée des vaisseaux qui apportent les filles. » (Lettre de Colbert à Talon, 11 février 1671.)