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la colonie, à la découverte des vastes régions qui l’entouraient, et à la mise en culture de son territoire.

Le peuplement est le premier besoin d’une colonie. Les diverses compagnies auxquelles Richelieu avait accordé, en échange de l’obligation d’amener des colons au Canada, le droit d’exploiter le riche et productif commerce de ses fourrures, avaient trop oublié leurs devoirs pour ne penser qu’à leurs intérêts. Les clauses des contrats, qui les obligeaient à emmener dans chacun de leurs navires un certain nombre d’émigrants, étaient demeurées à peu près lettres mortes, et nous avons dit plus haut combien était faible encore, au milieu du dix-septième siècle, le nombre des habitants de Québec.

Aussi Colbert dut-il prendre d’énergiques mesures pour provoquer tout d’un coup dans la métropole un vigoureux courant d’émigration.

Par ses ordres, les fonctionnaires civils et les autorités religieuses, les évêques, les intendants, sont chargés de rechercher, dans l’étendue des diocèses et des provinces, les personnes des deux sexes désireuses de s’établir au Canada.

Cette propagande produisit un grand effet ; dès 1663, ce ne sont plus quelques émigrants isolés, ce sont devrais convois qui quittent les côtes de France et font voile vers Québec. En cette année, trois cent cinquante émigrants sont en une seule fois embarqués à la Rochelle[1], et des convois semblables se

  1. Voy. Rameau, Acadiens et Canadiens, 2e part., p. 23.