Page:De Taurines - La nation canadienne, 1894.djvu/19

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dacte, le foye beau, mais avait le poumon tout noirci et mortifié et s’était retiré tout son sang au-dessus de son cœur, car quand il fut ouvert, sortit au-dessus du cœur grande abondance de sang noir infect. Pareillement, avait la rate par devers l’échine un peu entamée, environ deux doigts, comme si elle eut été frottée sur une pierre rude. Après cela vu lui fut ouverte et incise une cuisse, laquelle était fort noire par dehors, mais dedans la chair fut trouvée assez belle. »

Plus de quarante des autres compagnons de Cartier étaient dans une situation désespérée, lorsqu’une femme indienne indiqua à leur chef un arbre dont l’écorce devait être un remède au terrible mal, et qui, en effet, rendit bientôt aux malades « santé et guérison ». « Si tous les médecins de Louvain et de Montpellier, ajoute Cartier, y eussent été avec toutes les drogues d’Alexandrie, ils n’en eussent pas tant fait en un an que ledit arbre a fait en six jours[1]. »

  1. Brief récit et succincte narration de la navigation faite en 1535 et 1536 par le capitaine Jacques Cartier, aux iles de Canada, Hochelaya, Saquenay et autres, etc.

    C’est pendant ce voyage que Cartier eut pour la première fois connaissance de l’usage du tabac par les Indiens. Voici la curieuse description qu’il donne de cet usage alors totalement inconnu en France :

    « Ils ont, dit-il en parlant des Indiens, une herbe de quoi ils font grand amas durant l’été pour l’hiver, laquelle ils estiment fort, et en usent les hommes seulement en la façon que s’ensuit : ils la font sécher au soleil, et la portent à leur col en une petite peau de bête au lieu de sac, avec un cornet de pierre ou bois ; puis, à toute heure font poudre de ladite herbe et la mettent en l’un des bouts dudit cornet, puis mettent un charbon de feu dessus et sucent par