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XV



Helas ! helas ! bien puis crier et braire,
Quant j’ay perdu ma mere et ma nourrice,
Qui doulcement me souloit faire taire.
4Or n’y a mais ame qui me nourrice,
Ne qui ma faim de son doulz lait garisse.[1]
Jamais de moy nul ne prendra la cure,
7Puis qu’ay perdu ma doulce nourriture.[2]

Plaindre et plourer je doy bien mon affaire ;
Car je me sens povre, foiblet et nyce,
Et non sachant pour aucun proffit faire ;
11Car jeune suis de sens et de malice.
Or convendra qu’en orphanté languisse,
Et que j’aye mainte male aventure,
14Puis qu’ay perdu ma doulce nourriture.

Le temps passé, a tous souloie plaire,
Et m’offroit on honneurs, dons et service,[3]
Quant ma mere la doulce et debonnaire
18Me nourrissoit ; or fault que tout tarrisse,
Et qu’a meschief et a doleur perisse
Plein de malons et de pouvre enfonture,
21Puis qu’ay perdu ma doulce nourriture.

  1. A de s. d. l. tarice
  2. A P. que ay
  3. A2 B Et maint m’offroient et honneur et s.