Page:De Pisan - Œuvres poétiques, tome 1.djvu/44

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

légères, nous savons depuis longtemps que nous ne devons y voir que des jeux d’esprit et de sentiment. Mais on nous permettra toutefois de recommander le mérite de ces petites poésies si remarquables par leur douce monotonie et leur finesse d’expression, et où la grâce, s’alliant à une harmonie parfaite, révèle toutes les délicatesses de la femme sentimentale que devait être Christine.


VI. — JEUX À VENDRE


Ces gracieux petits morceaux servaient de distraction et d’amusement à la meilleure société des xive et xve siècles. Une dame lançait à un gentilhomme ou un gentilhomme lançait à une dame le nom d’une fleur, d’un objet quelconque, et la personne interpellée devait à l’instant même et sans hésitation répondre par un compliment ou une épigramme rimes ; c’était un véritable assaut d’esprit et d’à-propos tout à fait conforme au caractère vif et enjoué de l’époque. Aussi ne faut-il nullement s’étonner si ce genre de distraction, qui nous paraîtrait aujourd’hui un peu fastidieux, obtint rapidement un grand succès de vogue[1], et si

  1. Les mss. du xve siècle en fournissent le témoignage. Voy. notamment un ms. contenant 180 couplets de ventes d’amour et appartenant à Monseigneur le duc d’Aumale, un autre ms. de la