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I. — CENT BALLADES


Les Cent Ballades doivent être considérées comme les premiers essais de Christine. Elles ne sont certainement pas postérieures aux rondeaux et autres petites pièces que l’auteur a composées dans sa jeunesse ; d’ailleurs dans tous les mss. elles occupent le premier rang. Rassemblées à la prière d’un ami resté inconnu (voy. ballade C) les ballades qui forment ce recueil traitent de sujets forts différents et paraissent avoir été inspirées à des époques diverses ou tout au moins à des intervalles de temps assez notables. Car la date de la mort d’Étienne du Castel étant connue[1], il a été possible de fixer d’une façon précise l’époque de la composition de deux ballades, en premier lieu la ballade IX, écrite cinq ans après la mort de l’époux regretté, c’est-à-dire en 1394, puis la ballade XX, par laquelle nous apprenons que le cœur de la veuve n’a éprouvé aucune impression de joie depuis près de dix ans, ce qui permet d’assigner

  1. Il y a lieu d’adopter, selon toute vraisemblance, l’année 1389 comme celle de la mort d’Étienne du Castel. Au commencement de son livre du Chemin de long estude, Christine nous apprend en effet que son deuil remonte à environ 13 ans, et comme un peu plus loin elle ajoute qu’elle a commencé à écrire ce poème au mois d’octobre 1402, la date de 1389 s’obtient logiquement de ce simple rapprochement.