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Par quelque voye,
Ne confortast le mal dont j’ay grant part ;
Mais je ne puis en secret n’en appart
Parier a vous, dont mon cueur de dueil part
Et en plours noyé.

Et doncques las ! dont vendroit reconfort
A mon las cuer qui meurt par amer fort,
Quant ne savez, m’amour, le desconfort
Ou pour vous suis
Ne comment vous aim de tout mon effort ?
Si couvendra que je soie a dur port,
Se vraye amour a qui m’attens au fort
Tost n’euvre l’uys
D’umble pitié ou a secours je fuys ;
Si vous dye comment durer ne puis
Pour vostre amour ou tout je me suis duys,
Soit droit ou tort.
Par quoy voyez comment et jours et nuis
De tous solas et de joye suis vuys.
Se tel secours bien brief vers vous ne truys
Vez me la mort !

Car mesdisans tant fort redoubte et crain
Que je n’ose parler ne soir ne main
N’a nulle heure, dont je suis de dueil plain,
A vous, trés belle,
Pour vostre honneur qui est entier et sain,
Ne ja pour moy, vo cuer en soit certain,
N’empirera, quel que soit mon reclain,
Ains mort cruele
Endureray, pour Dieu, ma demoiselle,
Ne doubtez point que vous face querelle
Fors en honneur. Dieux tesmoing en appelle,
Mais je me plain
De ce qu’Amours si haulte jouvencelle