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Mais le dolent amant trés douloreux,
Gitant sangloux et plains mausavoureux,
Quant vint a mort par piteux moz aireux,
D’entente pure
Moult supplia aux dieux a yeulz plureux,
Que de celle qui le tint langoureux,
Par qui moroit dolent maleüreux,
De mort trop sure
Encor vengiez peust estre de l’injure
Qu’elle lui fait, et sentir tel pointure
Lui donnassent que fust com pierre dure,
Mal doulcereux,
Son corps cruel toudis comme estature,[1]
Dont les dames en ycelle aventure
Se mirassent, qui n’ont pitié ne cure
Des amoureux.
A donc fina le las a tel hachée ;
Mais n’ot en vain sa prière affichée ;
Car bien ont puis les dieux sa mort vengée,
Et quant en terre
On le portoit, la felonne approchée
De la biere s’est, lors fut accrochée,[2]
Car tel pitié s’est en son cuer fichée[3]
Et si la serre.
Que, tout ainsi com fouldre chiet grant erre.[4]
Celle enroidi et devint une pierre
De marbre blanc ; encor le puet on querre
La accrochée.
Ainsi les dieux qui aux amans fait guerre
Vengence en font ; pour ce vous vueil requerre
Dame, pour Dieu, qu’en ce vostre cuer n’erre,
Dont mal en chée !

  1. I. — 157 A2 ainsi (en interligne) c. e.
  2. — 166 B Lors s’est du corps, adonc f. a.
  3. — 167 B fu en s. c.
  4. — 169 A2 a. que f.