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Mais j’ay doubte qu’en vain tant me travail ;
Car je sçay bien, dame, que trop pou vail
Pour si hault bien, et croy bien se g’y fail
Ce yert par despris,
Mais s’il vous plaist a daignier prendre en bail
Mon povre cuer que vous livre et vous bail,
Je sçay de vray que se je ne deffail
Ou mort ou pris,
Que je pourray par vous monter en pris,
En qui tous biens sont parfais et compris,
Et en qui puet a toute heure estre pris,[1]
A droit detail,
Los et honneur ; en quoy seray apris
Par vous, si bien que ne seray repris
D’avoir failli, se je puis, ne mespris,[2]
Se si hault fail.

Ha ! hay dolens ! mais trop me desconforte
Esperance, qui en mon cuer est morte,
Soventes fois, dont trop grief doulour porte
Et trop grant rage,
Quant je repense a la trés haulte sorte[3]
Dont vous estes, par quoy doubt que la porte
D’umble pitié pour mon bien sera torte
Chose et ombrage ;
Mais Amours vient après qui m’assoage
Et me redit par si trés doulz langage
Que jadis ot Pymalion de l’ymage
De pierre forte
Vray reconfort de l’amoureux malage,
Par lui servir de trés loial corage,
Et vraye amour, ouquel trés doulz servage
Tout bien enorte.

  1. — 91 B a t. honneur est p.
  2. — 95 Omis dans A — 95 A2 A mon pouoir n’en nulle faulte pris
  3. — 101 A Q. je pense