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Dont a bon droit se j’en ay dueil et poiz
Et se le lonc demour m’est ennuyeux,
Car seulement d’oÿr sa doulce voix
Et me mirer en ses ris et gieux[1]
Tant me donnoit
De leece, que mon cuer y prenoit
Deduit et paix, confort et soutenance,
Car le veoye mien sans espargner ;
Et qui n’aroit regrait a tel plaisance
Et a si trés doulce amour eslongner ?

Princes, jugiez s’a tort la souvenance
D’un tel ami me fait en plours baigner,
Et qui n’aroit regrait a tel plaisance
Et a si trés doulce amour eslongner ?



V


Quant chacun s’en revient de l’ost
Pour quoy demeures tu derriere ?
Et si scez que m’amour entiere
T’ay baillée en garde et depost.

Si dcusses retourner plus tost,
A fin que faisiens bonne chiere,
Quant chacun s’en revient de l’ost.

Puis qu’honneur point ne le te toit
Qui te puet tenir si arriere ?
Je m’en plaindray de la maniere
Au dieu d’amours, c’est mon prevost,
Quant chacun s’en revient de l’ost.

  1. IV. — 24 Sic dans A2, Corr. et ses gieux