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Sanz qu’aultre foiz plus t’en sermonne,[1]
Que l’amour qui en moy s’entonne,
Dont ta doulceur me vient preschier,
Durera, puis que m’y adonne.
Je t’ameray et tendray chier.

Par si que toudis ton maintien
Soit tel qu’ainsi que je le tien,[1]
Non obstant qu’acueil t’abandonne,[1]
M’onneur garderas par moyen
De loyauté se tu es sien ;
Tout le surplus je te pardonne,
Car, quoy que désir t’araisonne
Par force d’amour me touchier,[2]
Mais que trop ne te desordonne,
Je t’ameray et tendray chier.

Pour ce, amis, gaignes la couronne
Sur tous amans, ne t’approchier
D’aultre vueil ; sanz t’estre felonne
Je t’ameray et tendray chier.



II


Ton alée me met en tel tristece,
Mon doulx ami, que ne puis avoir joye.
Dieux ! joye helas ! et dont vendroit l’adrece,
Dont tant fust pou, se je ne te veoye,
M’en peust venir ? Il n’y a tour ne voye ;
Car esleu t’ay pour ma part de tous biens,
Tu es le tout et non miepartie ;
Pour ce, de toy, que j’aim sur toute riens,

  1. a, b et c I. — 16, 22 et 23 A2 que a
  2. — 28 A2 te t. Corr. me