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Princes, soyés certains qu’oncques ne fu ne
Ja ne sera Fortune fors voulaige ;
En soit chascun avisié et chascune,
Et ait ou mal fort et poissant couraige.



LII


Qui est celluy qui ne sent la pointure
Aucunement d’amours, qui point ne blesce,
Ou mois de May jolis, plain de verdure ?
Sy ne croy pas, Prince de grant noblesce,
Hault et poissant, que vraye amour ne drece
Voz nobles faiz en toute bonne voye ;
Et pour ce a vous ma balade s’adresce,
Ce jour de May gracieux plain de joye.

Car je vous voy plus qu’autre creature
Reampli de biens et haulte gentillesce ;
Pour ce je tiens que vous en tout temps dure
Doulx souvenir, qui departir ne laisse
Loyal amour de vous, et que maistresce
Avez plaisant et belle, en qui s’employe
Vo noble cuer, qu’elle tient sans tristesce,[1]
Ce jour de May gracieux plain de joye.

Si affiert bien que mettés temps et cure
D’amours servir, qui de sa grant richesce
Guerredonner vous puet de nourriture
Doulce, plaisant, et qui fait en prouesce
Les bons monter, et que vo cuer s’eslesse
En ce doulx temps, qui aux amans envoye

  1. LII. — 15 A1 que elle