Page:De Pisan - Œuvres poétiques, tome 1.djvu/308

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et ne croyez flajolz de decepveurs.

Chieres dames, ne vous vueille desplaire,
Se je vous lo a garder des flateurs
Qui ne taschent qu’a voz honneurs deffaire,
Et ne croyez flajolz de decepveurs.



XLIV[1]


Du mois de May je me tieng pour contente,
D’Amours aussi de qui me vient la joye,
Par ce que voy souvent com droite rente
Ung bel amy que j’ay qui me resjoye ;
Ce tient mon cuer en leece ou que soye,
Car choisy l’ay de tous biens pour ma part.
C’est mon plaisir, n’aultre ne me resjoye,
Ne mon penser nulle heure ne s’en part.

O quel solas et quel joyeuse attente
Ce m’est quant suis en lieu seulette et coye
Ou je l’attens, combien qu’a l’eure sente
Moult grant frayeur de paour qu’on le voye ![2]
Mais quant vers moy a achevé la voye
Lors de baisiers serrez donnons tel part
Que la doulceur oublier ne pourroye
Ne mon penser nulle heure ne s’en part.

Et se penser y ay, cuer et entente,
Merveilles n’est, c’est droiz qu’avoir lui doye,
Car le grant bien de lui m’i maine et tente
Et sa doulceur et ce que tout s’employe
A me servir, si sçay que s’amour moye
Est nuement n’ailleurs point n’en départ,
Pareillement il m’en est par tel voye

  1. XLIV. — Omise dans A1
  2. — 12 A2 que on