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Vueillez le voir.

Si ne soiez vers moy dure,[1]
Ains de ma pesance sure
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Vueillez le voir.



XXXV


Ha ! le plus doulz qui jamais soit formé !
Le plus plaisant qu’oncques nulle acointast !
Le plus parfait pour estre bon clamé !
Le mieulz amé qu’oncques mais femme amast !
De mon vray cuer le savoreux repast !
Tout quanque j’aim, mon savoreux désir !
Mon seul amé, mon paradis en terre
Et de mes yeulz le trés parfait plaisir !
Vostre doulceur me meine dure guerre.

Vostre doulceur voirement entammé
A le mien cuer, qui Jamais ne pensast
Estre en ce point, mais si l’a enflammé
Ardent désir qu’en vie ne durast
Se doulz penser ne le reconfortast ;
Mais souvenir vient avec lui gesir,
Lors en pensant vous embrace et vous serre,
Mais quant ne puis le doulz baisier saisir
Vostre doulceur me meine dure guerre.

Mon doulz ami de tout mon cuer amé,
Il n’est penser qui de mon cuer gitast

  1. XXVIV. — 22 à 25 omis dans A2