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XXVI[1]


Doulce chose est que mariage,
Je le puis bien par moy prouver,
Voire a qui mary bon et sage
A, comme Dieu m’a fait trouver.
Louez en soit il qui sauver
Le me vueille, car son grant bien
De fait je puis bien esprouver,
Et certes le doulz m’aime bien.

La première nuit du mariage[2]
Trés lors poz je bien esprouver
Son grant bien, car oncques oultrage
Ne me fist, dont me deust grever,
Mais, ains qu’il fust temps de lever,
Cent fois baisa, si com je tien,
Sanz villennie autre rouver,
Et certes le doulz m’aime bien.

Et disoit, par si doulz langage ;
« Dieux m’a fait a vous arriver,
Doulce amie, et pour vostre usage
Je croy qu’il me fist eslever. »
Ainsi ne fina de resver
Toute nuit en si fait maintien
Sanz autrement soy desriver,
Et certes le doulz m’aime bien.

Princes, d’amours me fait desver[3]

  1. XXVI. — Manque dans B
  2. — 9 A2 du mesnage
  3. — 25 A2 P. mais il me f. d.