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Mon bon vouloir, tout soit il pou valable
Et pardonner me vueilliez se mespris
D’escrire a vous, personne si notable,
Je ay, moy femme ignorant non savable,
Mais voulentiers je diroye nouvelle
Qui resjouïst vo bon cuer amiable
Ce premier jour que l’an se renouvelle.

Mon cher Seigneur puissant et redoutable,
Prenez en gré ma balade nouvelle,
Que Dieux vous doint tout soulaz delitable
Ce premier jour que l’an se renouvelle.



XVII


Jadis Circes l’enchanteresse
Fist chevaliers devenir porcs ;
Mais Ulixes par sa sagece[1]
De ce meschief les gitta hors.[2]
Mais je ne sçay se c’est droit sors
D’aucunes gens, dont j’ay grant yre,
Qui sont plus que pors vilz et ors,
N’on n’en pourroit assez mesdire.

Grans vanteurs sont et sanz proece,
Mais trés bien parez par dehors.[3]
Orgueilleux pour leur gentillece,
Et tiennent bien aise leurs corps ;
Mais en eulx a maint mal remors,
Et combien qu’on ne l’ose dire
A bien fane n’ont pas amors,
N’on n’en pourroit assez mesdire.

  1. XVII. — 3 B p. sa prouesse
  2. — 4 B se gecta h.
  3. — 10 B M. b p. sont p. d.