Page:De Pisan - Œuvres poétiques, tome 1.djvu/265

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Car de Juno n’ay je nul reconfort.

Pallas, Juno, Venus vouldrent plaidier
Devant Paris jadis de leurs tors fais,
Dont chascune disoit qu’a son cuidier
Plus belle estoit, et plus estoit parfais[1]
Ses grans pouoirs que de l’autre en tous fais ;
Sus Paris s’en vouldrent tenir,
Qui lors jugia que l’en devoit tenir
A plus belle Venus et a plus fort,
Si dist : « Dame, vous vueil je détenir,
Car de Juno n’ay je nul reconfort. »

Pour la pomme d’or lui vint puis aidier
Vers Heleine Venus, mors et deffais
En fu après ; si n’ay d’elle mestier,[2]
Mais de joye seroit mon cuer reffais,
Se la vaillant Pallas, par qui meffais
Sont delaissié et retenir
Fait tous les biens, me daignoit retenir
Pour sa serve : plus ne devroie au fort
Ja désirer pour a grant bien venir,[3]
Car de Juno n’ay je nul reconfort.

Ces trois poissans déesses maintenir
Font le monde, non obstant leur descort ;
Mais de Pallas me doint Dieux sovenir,
Car de Juno n’ay je nul reconfort.

  1. VII. — 14 B1 el c. p.
  2. — 23 B En fu depuis
  3. — 33 B M. D. me d. de P. s.