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Differens, et pour ce l’empris
Que on en devient plus appris
D’oÿr de diverses matieres,
Unes pesans, aultres legieres,
A qui se delitte ou pourpris
Des livres, qui maint ont en pris
Fait monter et prendre manieres
Belles ; si doit on avoir chieres
Escriptures, non en despris.

Car, si que les sages tesmoignent
En leurs escrips, les gens qui songnent
De lire en livres voulentiers,
Ne peut qu’aucunement n’eslongnent
Ygnorence, que ceulx ressongnent
Qui de sens suivent les sentiers.
Si en valent mieulx ceulx le tiers,
Voire plus qui s’en embesongnent
Et qui la peine ne ressongnent
D’apprendre, il n’est si beaulx mestiers
Ne qui face gens si entiers,
Quoy que les folz, peut estre, en grongnent

Si l’ay fait, ma dame, ordener
Depuis que je sceus qu’assener
Le devoye a vous, si qu’ay sceu
Tout au mieulx et le parfiner
D’escripre et bien enluminer.
Dès que vo command en receu,
Selons qu’en mon cuer j’ay conceu
Qu’il faloit des choses finer
Pour bien richement l’affiner
A fin que fust apperceü
Que je mets pouoir, force et sceu,
Pour vo bon vueil entériner.