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hivernement chez les sauvages

traîner les canots avec des cordes. À une demi-lieue plus loin, ces braves traversèrent à force d’avirons, des rapides où ils coururent grand risque d’être engloutis. Le premier de juin, ils se trouvèrent en face d’autres rapides encore plus redoutables. L’eau y bouillonnait si fort qu’elle semblait n’être plus que de l’écume, et augmentait grandement le danger d’aller donner sur l’un des écueils qu’elle cachait. À cet endroit le Père de la Nouvelle France faillit perdre la vie.

À cause de l’épaisseur du bois, comme il était impossible, de porter les canots par terre, les vaillants explorateurs se mirent en devoir de les tirer contre le courant avec des cordes. Celui que tenait Champlain, s’engagea dans un tourbillon et l’entraîna à l’eau. Heureusement le héros tomba entre deux rochers et ne dut son salut qu’à cette circonstance. « En ce danger, raconte-t-il, je m’escriay à Dieu et commencay à tirer mon canot qui me fut renvoyé pur le remouil de l’eau qui se faict en ces sauts.

Lors estant eschappé ie louay Dieu, le priant nous préserver. Notre sauvage vint après pour me secourir, mais i’étais hors de danger et ne se faut estonner si i’étais curieux de conserver nostre canot : car s’il eût esté perdu, il fallait faire estat de demeurer, ou attendre que quelques sauvages passassent par là, ce qui est une pauvre attente à ceux qui n’ont de quoi disner et qui