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prologue

ces lieux : où j’ai vécu les jours divins de mon amour heureux. Je pars. Pardonne-moi de déserter ton amitié à l’heure où ses consolations me seraient si précieuses : je veux épargner à ta jeunesse le spectacle de mon désespoir.

Je n’aurais pas la lâcheté de me soustraire au devoir sacré de porter dignement le nom de Savigny, si tu n’étais là, mon frère bien-aimé, pour recueillir la lourde succession de longues traditions d’honneur. Mais à toi, le plus brave et le plus généreux, je puis sans crainte et sans regret léguer mon titre. Désormais, tu es comte de Savigny ; et quoiqu’il arrive, je ne veux plus être jamais que

ton frère dévoué,
Samuel.»

Le gentilhomme se laissa tomber sur un sofa, la tête dans ses mains.

Mais bientôt son énergique nature reprit le dessus. Il se redressa, domptant son chagrin, et descendit au devant des nobles voisins qui, déjà, accouraient apporter au seigneur de Savigny l’expression de leurs regrets.