Page:De Montreuil - Fleur des ondes, 1912.djvu/150

Cette page a été validée par deux contributeurs.
148
à l’habitation

réparer son bateau, et s’empressa d’aller à la rencontre des sauvages qui déjà devaient être rendus au Grand-Sault, pour la traite. L’intrépide découvreur voulait les suivre dans leur pays, afin d’aller à de nouvelles conquêtes.

Dès le premier jour qu’il passa à l’Habitation, Champlain apprit l’histoire de Fleur des Ondes. Il n’en parut pas extrêmement surpris. La jeune fille voulait étaler devant lui les papiers qui établissaient la vérité de ses dires ; le capitaine répondit, en lui posant paternellement la main sur la tête : « Ces preuves me sont inutiles, Mademoiselle ; votre origine est écrite là. »

Et la regardant plus attentivement, il poursuivit avec émotion :

« Je reconnais bien les yeux, le front, la bouche de mon noble ami, Samuel de Savigny. Vous avez son regard et son sourire ; puissiez-vous avoir aussi son cœur ardent et généreux. »

« Vous avez connu mon père ? dit la jeune fille émue. »

« Il fut mon meilleur ami. Quand j’avais votre âge et toutes mes illusions, reprit Champlain, que de douces heures nous avons passées ensemble dans les bois de Savigny : il était artiste, j’étais aventureux ; ses conseils ne furent jamais sans profit. Nous nous aimions sincèrement ; mais le destin avait tracé des carrières différentes. Quelques années plus tard, revenant au pays après une longue absence, je n’y retrou-