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vers québec

l’ombre en l’emmenant auprès de Mme de Savigny dont il redoutait l’opiniâtreté et l’intransigeance. Philippe aimait tendrement sa mère, mais elle avait maintenant une rivale dans son cœur, et il tremblait d’avoir à choisir entre ses deux affections, se sentant incapable de briser l’une ou l’autre.

Les fleurs se fanèrent une à une sur les hauteurs de Québec ; l’automne mit de l’or aux feuilles des érables ; l’hiver givra le rocher sans qu’il fût question de départ entre Fleur des Ondes et Philippe. On semblait avoir conclu une tacite entente de n’en point parler.

Philippe n’avait pas divulgué à la jeune fille l’espoir qui emplissait son âme ; mais candidement elle attendait tout de lui comme d’un frère dévoué, et bornait ses désirs à passer son existence auprès de lui, sinon au premier rang du moins au deuxième.

Elle avait arrangé sa vie d’activité et de dévouement qui laissaient peu de place à la songerie.

Plusieurs familles algonquines étaient venues se cabaner pour l’hiver auprès de l’établissement des Français ; elle apprit leur idiome et s’imposa le devoir de les visiter chaque jour. Bientôt, elle fut la meilleure amie des enfants, et se contraignit au rôle d’institutrice, afin d’enseigner à ces misérables les consolants préceptes du christia-