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les funérailles

Elles se peignaient alors le visage de noir et de rouge — délayés avec de l’huile d’ours — et elles ornaient leurs cheveux de rubans d’étoffes aux couleurs brillantes ; elles chargeaient leurs poignets de bracelets, leur nez, leur cou, et leurs oreilles de pendeloques.

Une de leurs bizarres coutumes consistait à se couvrir le dos de la poitrine de carrés d’écorce ou de cuir bouillis, sur lesquels elles cousaient des fragments de coquillages. Ces étranges parures avaient, parfois plus d’un pied de superficie.

Champlain, dans le récit de ses voyages, parle de l’une de ces demoiselles qui portait un ornement ne pesant pas moins de douze livres, « sans les autres bagatelles dont elle était atournée ».

Comme celle de son âge, La Source était coquette, et son père voulut que dans sa mort même, elle fut la plus belle et la mieux parée.

Les amies de la morte commençaient la dernière toilette, Fleur des Ondes se mêla à leur groupe. Défaisant les longues nattes de La Source, elle peigna soigneusement ses cheveux, avec un peigne d’arêtes de poissons taillées et polies comme l’ivoire ; puis elle les ramena sur la poitrine en un fichu soyeux et lustré.

On revêtit la morte d’habits splendides qui, jadis, avaient fait l’envie de ses compagnes : une robe en peau de caribou soigneusement mégie, enjolivée de broderies en poils d’orignal, d’un dessin compliqué — travail patient et ingé-