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la résignation

— « Tu m’as suivie ; tu as voulu me sauver ?… Tu es bon autant que brave. Ah ! ajouta-t-elle avec un soupir, c’est à ton cœur vaillant que la faible liane aurait dû se suspendre… Mais il est trop tard maintenant… je meurs ! »

L’intrépide guerrier avait peine à retenir ses larmes, devant cette enfant qui agonisait.

Après un silence, La Source demanda : « Emporte-moi au milieu des miens, quand je ne serai plus ! Je veux reposer dans mon pays. Que mon père me revoie encore une fois !… Il n’aura plus d’enfant ; tu seras son fils… console-le, protège-le dans sa vieillesse… Peut-être le reverras-tu, lui aussi, le visage pâle : tu lui demanderas de me pardonner, afin que je puisse, sans entrave, m’en aller au pays de la félicité où je t’attendrai. Oh ! comme je l’ai haï, quand j’ai découvert sa perfidie ! Je l’ai détesté de toute ma fierté humiliée, pour ce que tu as souffert de ma folie, toi le plus dévoué des amis ».

— « Il te pardonnera, dit Le Carcois avec conviction ».

— « Oh ! mon ami, c’est au moment de te quitter que j’apprécie dans toute son étendue le malheur de te perdre. Un éblouissement passager a pu détourner de toi ma pensée, mais mon cœur t’est resté fidèle par tous les souvenirs de notre jeunesse  ».

Sa voix faiblissait. Après une pause, elle reprit avec beaucoup de peine :