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MÉMOIRES.

pendant ses vacances qu’il lui fit voir le pays de ses ancêtres.

Il y avait nombreuse compagnie le soir, lorsqu’ils firent leur entrée au salon de mon grand-oncle, le Baron de Germain. Son frère aîné lui dit : Cherche maintenant ta tante. L’enfant promena ses regards sur le cercle des dames assises à l’entour de la chambre, et se dirigeant sans hésiter vers madame la baronne de Germain, il lui dit : Vous êtes ma tante. Il l’avait reconnue à la ressemblance qu’elle avait avec sa mère.

On entoura le petit Anglais, comme les dames françaises le proclamèrent à cause de son costume qu’elles admirèrent beaucoup, et qui contrastait avec celui des enfants français. En effet les derniers étaient vêtus comme de petits marquis : habit traînant sur les talons, culottes courtes avec boucles au-dessous du genou, bas de soie, souliers avec larges boucles d’or ou d’argent, queue énorme entourée de ruban, et cheveux poudrés.

Le costume du petit Anglais, au contraire était semblable à celui des matelots de la marine royale britannique : gilet, veste et pantalon bleus, bas de coton blanc, escarpins noués sur le coup de pied, avec un ruban noir, chemise ouverte au col à la Byron, et cheveux ras sans poudre. C’était probablement le premier enfant vêtu à l’anglaise que ces dames voyaient, car elles s’écrièrent :

— Voilà comme nos enfants français devraient être vêtus ! Voyez comme il est à l’aise dans ses habits et libre de tous ses mouvements, tandis que nos enfants