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CONCLUSION.

jusqu’aux vacances prochaines de vos enfants, afin de les voir encore une fois avant de mourir ; mais je n’aurai pas cette consolation.

— Tu les verras demain, mon cher José.

Une heure après, de Locheill était sur la route qui conduit à Québec et le lendemain au soir tout ce que le fidèle et affectionné serviteur avait de plus cher au monde entourait sa couche funèbre. Après s’être entretenu avec eux pendant longtemps, après leur avoir fait les plus tendres adieux, il recueillit toutes ses forces pour s’asseoir sur son lit, et une larme brûlante tomba sur la main de Jules, qui s’était approché pour le soutenir. Après ce dernier effort de cette nature puissante, celui qui avait partagé la bonne et la mauvaise fortune des d’Haberville n’existait plus.

— Prions pour l’âme d’un des hommes le plus excellents que je connaisse, dit Arché en lui fermant les yeux.

Jules et Blanche, malgré les représentations qu’on leur fit, ne voulurent se reposer sur personne du soin de veiller auprès de leur vieil ami, pendant les trois jours que son corps resta au manoir.

— Si un de notre famille fût mort, dirent-ils, José ne l’aurait pas abandonné à autrui.

Un jour qu’Arché, pendant ses fréquentes visites chez les d’Haberville, se promenait avec Jules devant le manoir, il vit venir un vieillard à pied, passablement mis, portant un sac de loup-marin sur ses épaules.

— Quel est cet homme ? dit-il.

— Ah ! dit Jules, c’est notre ami M. D… portant son étude sur son dos (f).

— Comment ? son étude ? dit Arché.