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LE FOYER DOMESTIQUE.

laissa la table pour le salon. Élise, en passant près de Jules, le pinça jusqu’au sang.

— Allons donc, la belle aux griffes de chatte, dit celui-ci, est-ce une caresse destinée à votre futur époux, que vous distribuez en avancement d’hoirie à vos meilleurs amis ? Heureux époux ! Que le ciel le tienne en joie !

Après le café, et le pousse-café de rigueur, toute la société sortit dans la cour pour danser des rondes, courir le lièvre, danser le moulin tic, tac, et jouer à « la toilette à Madame. » Rien de plus gai, de plus pittoresque, que ce dernier jeu, en plein air, dans une cour semée d’arbres. Les acteurs, dames et messieurs, prenaient chacun leur poste auprès d’un arbre : un seul se tenait à l’écart. Chaque personne fournissait son contingent à la toilette de Madame : qui une robe, qui un collier, qui une bague, &c. Dès que la personne, chargée de diriger le jeu, appelait un de ces objets, celui qui avait choisi cet objet était obligé de quitter son poste dont un autre s’emparait immédiatement : alors, à mesure que se faisait l’appel des différents articles de toilette à Madame, commençait, d’un arbre à l’autre, une course des plus animées qui durait suivant le bon plaisir de la personne choisie pour diriger le divertissement. Enfin, au cri de « Madame demande toute sa toilette », c’était à qui s’emparerait d’un arbre pour ne pas l’abandonner ; car celui qui n’avait pas cette protection payait un gage. Tout ce manège avait lieu au milieu des cris de joie, des éclats de rire de toute la société ; surtout quand quelqu’un, perdant l’équilibre, embrassait la terre au lieu du poste dont il voulait s’emparer.

Lorsque la fatigue eut gagné les dames, tout le