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LES ANCIENS CANADIENS.

CHAPITRE DIX-SEPTIÈME.

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le foyer domestique.


Il s’était passé des événements bien funestes depuis le jour où, réunis à la table hospitalière du capitaine d’Haberville, les parents et amis de Jules lui faisaient les derniers adieux avant son départ pour la France. Le temps avait fait son œuvre ordinaire de destruction sur les vieillards ; l’ennemi avait porté le fer et le feu dans les demeures des paisibles habitants de la colonie ; la famine avait fait de nombreuses victimes ; la terre avait été abreuvée à grands flots de sang de ses vaillants défenseurs ; le vent de la mer avait englouti un grand nombre d’officiers d’extraction noble, que le sort des combats avait épargnés. Tous les éléments destructeurs s’étaient gorgés du sang des malheureux habitants de la Nouvelle-France. L’avenir était bien sombre surtout pour les gentilshommes déjà ruinés par les dégâts de l’ennemi ; pour ceux qui, en déposant l’épée, leur dernière ressource, le dernier soutien de leurs familles, allaient être exposés aux privations les plus cruelles ; pour eux qui voyaient dans l’avenir leurs descendants déclassés, végéter sur la terre qu’avaient illustrée leurs vaillants aïeux.