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LES ANCIENS CANADIENS.

Assise le long d’un fossé
Qui s’y reposait ;
Je tirai mon coup de fusil
Pas bien loin d’elle,
La belle jeta un si haut cri
Que le bois retentit.

Je lui ai dit, mon cher cœur,
Je lui ai dit avec douceur :
Je suis un vaillant chasseur
De moi n’ayez point peur ;
En vous voyant, ma belle enfant,
Ainsi seulette,
Je veux être votre soutien
Et vous faire du bien.

— Rassurez-moi, je vous prie,
Car de peur je suis saisie :
Je me suis laissée annuiter,
Je me suis écartée ;
Ah ! montrez-moi le chemin
De mon village,
Car sans vous, mon beau monsieur,
Je mourrais sur les lieux.

— La belle, donnez-moi la main,
Votre chemin n’est pas loin ;
Je puis vous faire ce plaisir,
J’en ai le loisir ;
Mais avant de nous quitter,
Jolie mignonne,
Voudriez-vous bien m’accorder
Un tendre baiser ?

— Je ne saurais vous refuser,
Je veux bien vous récompenser :
Prenez-en deux ou bien trois,
C’est à votre choix :
Vous m’avez d’un si grand cœur
Rendu service !
C’est pour moi beaucoup d’honneur :
Adieu donc, cher cœur.

— Diable ! dit Jules, monsieur le chevalier, vous n’y allez pas de main morte. Je gage, moi, que vous