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LA FÊTE DU MAL.

rent reçus avec de grandes démonstrations de joie. On dit un mot affectueux à chacun ; le Seigneur but à la santé des censitaires, les censitaires burent à sa santé et à celle de sa famille, au milieu des détonations d’une vingtaine de coups de fusil que l’on entendait au dehors.

Cette cérémonie terminée, M. d’Haberville, de retour à sa table, fut prié de chanter une petite chanson à laquelle chacun se prépara à faire chorus.

Chanson du Seigneur d’Haberville.

Ah ! que la table :
Table, table, table
Est une belle invention !
Pour contenter ma passion,
Buvons de ce jus délectable :
Honni celui qui n’en boira,
Et qui ne s’en barbouille :
Bouille, bouille ;
Honni celui qui n’en boira,
Et ne s’en barbouillera !

Lorsque je mouille :
Mouille, mouille, mouille
Mon gosier de cette liqueur,
Il fait passer dedans mon cœur
Quelque chose qui le chatouille :
Honni, etc.[1]

À peine cette chanson était terminée, que l’on entendit la voix sonore de mon oncle Raoul :

Oui ; j’aime à boire, moi :
C’est là ma manie :
J’en conviens de bonne foi ;
Chacun a sa folie :

  1. L’auteur a cru devoir consigner quelques-unes des anciennes chansons, probablement oubliées maintenant, que l’on chantait pendant son enfance. Plusieurs de ces chansons rappellent des réjouissances qui malheureusement dégénéraient souvent en excès, auxquels les sociétés de tempérance ont fort heureusement mis un terme.