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Quelques pages des charmans Souvenirs de M. Charles Nodier ont fourni le sujet de cette pièce. Les auteurs se plaisent à reconnaître cet emprunt qui leur a valu un succès ; et ils ne peuvent résister au plaisir de reproduire ici le récit des Souvenirs, récit chaleureux et dramatique. C’est M. Charles Nodier qui parle :

« …… Ma petite chambre au rez-de-chaussée était un parallélograme étroit, horizontal à la cour, et clos en devant de sa porte vitrée et de sa large croisée à losanges, comme c’est l’usage en Alsace. Le fond de ma loge était une alcôve à portes de bois bien fermantes, dont une des extrémités communiquait en dedans avec une espèce de cabinet de toilette, et l’autre avec un prie-Dieu. Si jamais on transporte ma chambre sur la scène, dans une de ces compositions à la mode, dont tout le monde peut devenir le héros à son tour, je supplie le décorateur de ne pas oublier que son intérieur était à demi tapissé d’un papier gris de perles, fort boursoufflé et fort poudreux, zebré de larges bandes bleu de roi, escortées de petites bandes bleues jumelles. On ne saurait être assez ponctuel dans des matières de cette importance.

« …… Deux heures après minuit me surprenaient à ma besogne, quand un cri aigu se fit entendre à ma porte, qui retentit en même temps sous deux ou trois coups brusquement répétés. Je l’ouvris, et je vis Thérèse éperdue[1] se précipiter

  1. Thérèse était la fille du père Christ, l’hôte de M. Charles Nodier. Elle avait épousé secrètement un jeune émigré.