XIII.
Cependant la commune envoya au Duc, deux bons hommes, leur mandant d’avertir dûment le digne prince de ce qui était advenu. Ceux-ci le trouvèrent en chemin pour venir à Uccle, car il avait appris par ses espies le dessein de la Dent de fer, lequel ne s’en était point caché et il marchait en grand hâte contre lui avec bonne troupe de cavaliers.
Sitôt que les bons hommes le virent ils se jetèrent à genoux devant lui, mais le bon seigneur ne le voulut point souffrir et les relevant les fit marcher à côté de lui.
Soudain tous ensemble vinrent à l’endroit auquel avaient été déconfits les brigands. Là le duc voyant tous ces corps, s’arrêtant ébaudi et charmé : Qui donc, dit-il, a mis à mort ces maroufles ?
— Nos femmes, dit un des bons hommes.
— M’en veux-tu conter, bourgeois, dit le duc fronçant le sourcil.
— Dieu nous en garde, Monseigneur ajouta l’autre — je vous vais narrer le fait ; ce qu’il fit.
Là ; dit le duc, l’aurait-on cru de ces commères. Je les veux récompenser.
Et ce disant il fit ramasser et emmener le casque de la Dent de fer, lequel, il y a peu de temps se voyait encore emmi les armes de Monseigneur Charles et il était de par lui mandé de le garder avec grand soin.
XIV.
Étant entré en Uccle, le bon duc vit venir à lui grande troupe de gens et au milieu d’eux, un homme s’écriant lamentablement : Las ! las ! monsieur le curé, ne me faites point brûler ! Ce à quoi il était répondu : Nous verrons bien.
D’où vient ce bruit, interrogea le duc ?
Mais sitôt que Pieter Gans l’aperçut, il courut vers lui et embrassant les genoux de son cheval : Monseigneur, s’écria-t-il, monseigneur le duc, ne souffrez point que l’on me brûle.
Et pourquoi, dit le duc, me brûlerait-on un de mes bons hommes d’Uccle ?
Mais le R. N. Claessens s’avançant, lui narra le fait avec grande colère, cependant que Pieter Gans se plaignait bien mélancoliquement ; le tout avec grande confusion, l’un plourant et geignant, l’autre narrant et syllogisant, — si fort que le bon duc ne savait auquel des deux entendre.
Wantje subitement sortit de la foule de peuple lequel comme Pieter Gans criait : Merci et pitié. « Monseigneur, dit la fillette, ce bonhomme a grandement péché contre Dieu, mais par simplicité de cœur et couardise de nature. Diable l’a effrayé, il s’est soumis à diable. — Pardonnez-lui, Monseigneur, à cause de nous.
« Fillette, dit le duc, tu parles bien et je te veux écouter. »
Mais le R. Claessens : « Monseigneur, dit-il, vous ne pensez point à Dieu. »
« Mon père, répondit le duc, je n’y manquai oncques, ce nonobstant j’estime qu’il ne lui est point bien agréable voir fumer graisse de chrétien et rôtir chair de bonhomme, mais qu’il aime ceux qui sont doux et n’arrêtent