il penſa que ce n’était point eux, car ils étaient trop aiſés à brûler, ainſi devaient-ils être en un autre lieu.
Et il répétait toujours en son eſprit :
Quand le septentrion
Baiſera le couchant,
Ce sera fin de ruinés.
Aime les Sept
Et la Ceinture.
— Las ! se diſait-il, en mort, sang & larmes, trouver sept, brûler sept, aimer sept ! Mon pauvre eſprit se morfond, car qui donc brûle ses amours ?
Le chariot ayant déjà mangé bien du chemin, ils entendirent un bruit de pas sur le sable & une voix qui chantait :
Vous qui paſſez avez-vous vu
Le fol ami que j’ai perdu ?
Il chemine au haſard, sans règle ;
L’avez-vous vu ?
Comme de l’agneau fait un aigle,
Il prit mon cœur au dépourvu.
Il eſt homme, mais point barbu,
L’avez-vous vu ?
Si le trouvez, dites que Nele
Eſt bien laſſe d’avoir couru.
Mon aimé Thyl, où donc es-tu ?
L’avez-vous vu ?
Sait-il que languit tourterelle
Quand elle a son homme perdu ?
Ainſi de plus d’un cœur fidèle.
L’avez-vous vu ?
Ulenſpiegel frappa sur le ventre de Lamme & lui dit :
— Retiens ton souffle, groſſe bedaine.
— Las ! répondit Lamme, c’eſt bien dur à un homme de ma corpulence. Mais Ulenſpiegel, ne l’écoutant point, se cacha derrière la toile du chariot, & imitant la voix d’un touſſeux fredonnant après boire, il chanta :
Ton fol ami, je l’ai bien vu,
Dans un chariot vermoulu,
Aſſis auprès d’un gros goulu,
Je l’ai bien vu.