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XIX.


Ottevaere à Anna.
Décembre 1859.

Le volubilis est au sortir de la terre une petite plante frêle et timide. Vous lui prêtez un bout de ficelle afin qu’il s’y accroche, il le fait modestement. Héliotropes, roses et jasmin, vigne stérile et vigne féconde, géraniums et capucines croissent dans votre jardin et cherchent insoucieusement le soleil, sans s’inquiéter du volubilis. Vous n’y pensez plus au petit, mais voici que soudain, à la saison où les feuilles vont devenir rousses, quand les héliotropes tournent encore vers le soleil leurs corolles pâlies, vous voyez dans votre jardin fleurir un beau calice ; il est partout, sur les rosiers, sur les vignes, sur les baies de chèvre-feuille : vous regardez de près la plante à laquelle il appartient, elle a mille vrilles pour embrasser, étreindre, étouffer. C’est le petit volubilis qui est devenu grand. Tel est l’amour, il commence par n’être rien et finit par être tout : il y a quinze jours que je vous ai vue pour la pre-